Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/179

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Ce n’était pas là tout ce qui remuait par terre, mais nos jeunes gens ne s’en apercevaient pas. Jacob Poot avait, petit à petit, accaparé presque toute la couverture. Il s’ensuivait que le capitaine Peter à moitié gelé rêvait qu’il était en train de patiner sur la mer de glace.

J’ai dit que la lumière de la lune n’était pas seule à se mouvoir sur le parquet nu et poli : quelque chose en effet s’avançait, sinon aussi lentement, du moins sans faire plus de bruit que ses blancs rayons.

C’est le cas de te réveiller, Ludwig ! Le pirate de ton tableau devient une réalité…

Mais Ludwig dort toujours. Cependant son sommeil est agité.

Karl n’entend-il rien non plus ? Karl, le brave, le sans peur, sinon sans reproches.

Non. Karl rêve qu’il est vainqueur à la course prochaine.

Et Poot ? Et Van Mounen ? Et Ben ? Eux non plus ne s’éveilleront donc jamais. Est-ce qu’aucun pressentiment ne pèse sur leur sommeil ? Hélas ! non. Ils sont tous à la course. Katrinka passe en chantant à travers leurs songes, puis disparaît en riant. De temps en temps une grande vague d’harmonie, souvenir de l’orgue merveilleux de Haarlem, amène sur leur visage un sourire de béatitude.

L’objet cependant continue à s’avancer lentement, lentement.

« Peter ! capitaine Peter, le danger s’approche ! »

Peter n’entendit pas cette voix de son ange gardien qui l’avertissait ; mais il rêva qu’il dégringolait d’un pic glacé, et ceci l’éveilla.

Qu’il avait froid ! Il tâcha de rentrer en possession de sa part légitime de couverture. Effort inutile ! Draps, couvertures, couvre-pieds étaient solidement enroulés autour de l’inamovible Jacob. Peter regarda machinalement vers la fenêtre.