Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/185

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« Il faut que je regarde de près cet Adonis, » dit-il en s’approchant.

Il n’avait pas fini ces mots qu’il se recula d’un mouvement si violent, que la chandelle manqua de tomber.

« L’homme du tableau et l’homme d’en bas ! s’écria-t-il. C’est l’homme même qui était d’abord assis près du feu ! Est-ce que les pressentiments…

— Mes amis, dit Peter, nous avons failli être punis par où nous avons péché. Nous avions eu la sottise de compter notre argent devant cet homme. Il a voulu profiter du renseignement que nous avions été assez bêtes pour lui fournir. Nous ne sommes donc pas sans reproches dans ce qui vient de nous arriver, nous avons tenté sa cupidité. »

La fille de l’aubergiste avait quitté la chambre. Elle rentra bientôt, tenant à la main une énorme paire de sabots.

« Voyez, père, dit-elle ; voici ses gros vilains bateaux. C’est l’homme que nous avons logé dans la chambre à côté, après que les jeunes maîtres furent montés se coucher. Nous avons été bien imprudents, nous, de placer les pauvres jeunes gens si haut et si loin dans la maison, à un étage où, en cas d’accident, on ne pouvait ni les voir ni les entendre, ces pauvres messieurs.

— Le misérable ! s’écria l’hôte, feignant, pour n’avoir pas à y répondre, de n’avoir rien compris à ce que sa fille venait de dire ; il a déshonoré ma maison. Je cours chercher la police. »

En moins d’un quart d’heure les agents firent leur entrée dans la chambre. Après avoir enjoint à Mynheer Kleef d’avoir à comparaître de bonne heure, le lendemain, avec les jeunes messieurs, ils emmenèrent leur prisonnier.

On pourrait penser que le capitaine et sa compagnie avaient assez dormi pour cette nuit-là, mais les amarres qui doivent empêcher la jeunesse de descendre la rivière