Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/198

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qui est solide et doux. Avec trois chevaux supplémentaires toute la société formant cavalcade sera conduite par mon beau-frère, devenu notre capitaine, et nous parcourrons toutes les rues et toutes les promenades de la ville. Le joli cheval rouan de ma sœur est boiteux, et comme elle n’en veut pas monter d’autre, elle ne nous accompagnera pas. Si j’avais réussi à envoyer le docteur à Hans Brinker et à son père, cette partie m’eût rendu tout à fait heureux. Ludwig nous a déjà baptisés ; nous nous appellerons : « la cavalerie de Broek. » Nous nous flattons de composer à nous tous une compagnie d’aspect imposant ; la Haye, avec ses rues larges et droites, ses grandes places, et son incomparable bois, est plus propice aux cavalcades qu’aucune autre de nos villes. »

La « cavalerie de Broek » ne fut pas désappointée. Elle fit sensation dans la ville.

À leur retour les jeunes gens déclarèrent que le grand poële de faïence, monté dans la salle où se tenait habituellement la famille, était décidément un meuble fort utile, car ils purent se presser à l’entour et se réchauffer sans risquer de se brûler le bout du nez ou d’attraper des engelures. Ce poële était un monument de taille à chauffer une ville tout entière ; ses flancs, blancs comme la neige et ses anneaux de cuivre brillant, en faisaient un objet délectable à l’œil, et cependant l’ingrat Ben, tout en se réchauffant complètement, regrettait in-petto les beaux feux flambants aux flammes pétillantes qu’il avait vus dans les grandes cheminées des fermes de France lorsqu’il avait visité ce pays.

Son impression sur la Haye fut que c’était la ville la moins hollandaise de la Hollande. Il est tel quartier où il eût pu se croire en France, à Nancy principalement, ou même en Angleterre. Le grand souvenir d’art qu’il en rapporta fut celui de la Leçon d’Anatomie, le chef-d’œuvre