Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/211

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Parmi les paysans et les fermiers, Annie Bowman était la seule qui montrât sans honte, par ses paroles et par ses actions, son amitié pour les habitants de la malheureuse maison.

Lorsque les enfants du voisinage la plaisantaient de faire sa société de ces pauvres enfants, elle se contentait de rougir si c’était Hans qu’on tournait en ridicule ; mais elle ne pouvait entendre sans colère parler mal de la petite Gretel.

« Gardeuse d’oies ! En vérité ! disait-elle, il n’en est pas une d’entre vous qui ne fût plus faite qu’elle pour ce genre de besogne. Mon père disait souvent l’été dernier que cela lui faisait de la peine de voir une fillette si patiente et avec des yeux si intelligents, employée seulement à garder des oies. Elle s’en acquitte à merveille, ses bêtes sont les plus propres du pays. Elle ne leur ferait pas de mal comme vous, Janzoon Kolp, et elle ne marcherait pas dessus comme vous, Rate Wouters. »

Ces représailles d’Annie ne manquaient jamais de soulever le rire contre la gauche et mal intentionnée Kate, Annie se contentait alors de s’éloigner dédaigneusement du groupe des médisants. Je crois bien que l’image de quelques-uns des assaillants de Gretel traversait son esprit pendant qu’elle patinait vers Amsterdam, car plus d’une fois, pendant ce temps, ses yeux étincelèrent d’une lumière menaçante et elle secoua plus d’une fois sa jolie tête avec un air de défi ; mais ce moment d’humeur passé, son doux et bon regard reparut et illumina son visage. Plus d’un fermier se retournait pour la suivre des yeux, désirant en son cœur avoir une fille aussi aimable que celle-là.

Il y eut ce soir-là dans Broek cinq foyers animés par la joie. Les jeunes gens avaient retrouvé tout leur monde aussi bien portant qu’eux-mêmes. Cependant, quand le lendemain,