Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Cela peut tuer le père, avez-vous dit, mynheer ? dit-il enfin tout tremblant.

— Oui, mon garçon ; mais quelque chose me dit que cela le guérira au lieu de le tuer. Ah ! si on élevait autrement les enfants en Hollande, si on ne les tenait pas dans l’ignorance de toute chose, je pourrais vous expliquer le fait particulier à votre père, mais ce serait inutile. »

Hans ne répondit pas.

« Ce serait inutile ! répéta le docteur Boekman avec une sorte d’irritation. Sitôt qu’on propose une grande opération jugée nécessaire, la seule question qu’on vous pose est celle-ci : « Est-ce que cela le tuera ? »

— C’est de la réponse à cette question que dépend tout notre sort, mynheer, » répondit Hans avec dignité, mais les yeux pleins de larmes.

Le docteur le regarda tout saisi :

« Vous avez raison, mon garçon ; je ne suis qu’un imbécile. C’est bien. On ne désire pas que son père meure. Certainement, je ne suis qu’une bête.

— Mourrait-il, mynheer, si on laissait la maladie suivre son cours ?

— Hum ! La pression sur le cerveau empirerait et finirait par emporter le malade. »

Ici le docteur fit claquer ses doigts.

« Et l’opération peut le sauver, continua Hans. La guérison serait-elle prompte, mynheer ? »

Le docteur s’impatientait.

« Elle peut être subite ; elle peut se faire attendre aussi. Parlez à votre mère, mon enfant, et qu’elle décide. Mes instants sont comptés. »

Hans s’approcha de sa mère et de Gretel. Comme la petite le dévorait des yeux, il ne put d’abord prononcer un seul mot. Mais détournant son regard du sien, il dit d’une voix ferme :