Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« C’est bien, mynheer ; je consens.

— Hum ! » grommela le docteur, comme pour dire, vous avez mis bien du temps à vous décider.

Il conféra ensuite un instant avec son élève qui l’écoutait avec un air de grand respect, mais qui se réjouissait intérieurement à l’idée du plaisir qu’il aurait à étonner ses camarades les étudiants, quand il leur raconterait qu’il avait positivement vu une larme dans l’œil du vieux Boekman.

Pendant ce temps, Gretel regardait, silencieuse et tremblante ; mais lorsqu’elle vit le docteur ouvrir un étui de maroquin et en sortir ses instruments à lames luisantes et acérées, elle s’élança :

« Mère ! mère ! s’écria-t-elle, le pauvre père n’avait pas l’intention de mal faire. Est-ce qu’ils vont l’assassiner !

— Je ne sais pas ! cria dame Brinker, regardant Gretel avec des yeux flamboyants ; je ne sais pas !

— Ça ne peut pas aller comme ça, madame, dit le docteur sévèrement, jetant en même temps un coup d’œil vif et pénétrant à Hans. Il faut que vous et votre fille vous quittiez la chambre. Le garçon peut rester. »

Dame Brinker se redressa subitement ; ses yeux étincelèrent. Elle avait l’air de n’avoir jamais ni pleuré ni ressenti un moment de faiblesse. Sa voix était basse, mais décidée.

« Je reste avec mon mari, mynheer, » dit-elle.

Le docteur Boekman parut surpris. Il était rare qu’on résistât à ses ordres de ce ton-là.

« Vous pouvez rester, » fit-il d’un ton radouci.

Gretel avait déjà disparu. Il y avait dans un coin de la chaumière un cabinet où était dressée contre le mur une couchette rustique. Sur un signe de Hans elle s’y glissa. Qui penserait à la petite créature tremblante, accroupie là dans l’obscurité ?