Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/221

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Le docteur ôta son lourd pardessus, emplit d’eau un vase de terre et le plaça près du lit. Puis se tournant vers Hans, il lui demanda :

« Puis-je compter sur vous, garçon ?

— Vous le pouvez, mynheer.

— Je le crois. Tenez-vous là, à la tête. Votre mère s’assiéra à droite, comme cela, fit-il en plaçant une chaise près du lit. Rappelez-vous, dame Brinker, qu’il ne faut ni cris ni syncopes. »

Les yeux de dame Brinker firent la réponse.

Il fut satisfait.

« Maintenant, Vollenhaven… »

Oh ! cet étui et ces instruments terribles, l’élève les souleva. Gretel, qui avait glissé ses regards par une ouverture, ne put rester plus longtemps silencieuse. Elle traversa la chambre comme une folle, saisit son capuchon et se précipita hors de la cabane.

C’était l’heure de la récréation. Au premier coup de la cloche de l’école, le canal sembla jeter de lui-même une grande acclamation, et s’anima tout à coup de la présence d’une multitude d’écoliers des deux sexes. C’était un véritable kaléidoscope. Des douzaines d’enfants, vêtus d’habits aux couleurs voyantes, patinaient, se croisant, se poursuivant, s’emmêlant. La gaieté tenue sous clef pendant la matinée faisait explosion et se manifestait par des chants, des rires, des cris. Pas de serre-frein pour modérer l’allure de ces ébats. Les livres et leur souvenir n’osaient se produire au soleil. Le latin, la grammaire, l’arithmétique avaient été enfermés pour une heure dans la salle d’études enfumée. Le maître n’était plus qu’un substantif pour le moment mis de côté. Ils étaient décidés à s’amuser quand même. Tant que la glace serait aussi unie, il importait fort peu que la Hollande fût située au pôle Nord ou près de l’équateur. Quant à la physique, pouvait-on s’attendre