Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/224

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De nouvelles pensées lui traversèrent la tête. Pourquoi Hans n’avait-il voulu lui rien dire ? C’était bien mal. C’était son père, à elle, aussi bien que le sien, elle n’était plus une petite fille. N’avait-elle pas, une fois, retiré un couteau acéré des mains de son père ? C’était même elle qui était parvenue à l’attirer loin de sa mère ce soir terrible où Hans, tout grand qu’il était, ne pouvait en venir à bout. Pourquoi alors la traitait-on comme quelqu’un qui n’est capable de rien faire ?

Mais après ces gémissements, que voulait dire ce silence ? Aucun bruit ne venait plus de la cabane. Comme tout semblait tranquille ! Ce calme l’épouvantait ! Que pouvait-il signifier ? Ah ! qu’il faisait froid ! Si Annie Bowman était restée chez elle au lieu d’aller à Amsterdam, elle ne se serait pas sentie si délaissée ! Ses pieds se glaçaient. Tout le sang s’était réfugié autour de son cœur. Il lui semblait que son corps n’avait plus d’appui et qu’elle était comme flottant dans les airs !

Non ! cela ne pouvait pas durer comme ça. La mère pouvait avoir besoin d’elle !

Se secouant par un effort, Gretel se redressa un instant. Elle se frotta les yeux. Pourquoi le ciel était-il si clair et si bleu ? Pourquoi la cabane était-elle si muette ? Et qui donc au logis osait rire dans un moment pareil ?

Elle ne tarda pas à s’affaisser de nouveau. Un étrange mélange d’idées envahit son cerveau. Tout était confus pour elle.

« Quelle drôle de bouche que celle du docteur ! Du nid de cigogne perché sur le toit, de longs becs semblaient sortir qui lui soufflaient toutes sortes de choses dans les oreilles ! Que ces couteaux du docteur étaient brillants dans cet étui de maroquin, plus brillants que les patins d’argent ! Sa jaquette neuve était jolie, c’était la plus jolie qu’elle eût jamais portée. Dieu avait pendant si longtemps pris soin