Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/225

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de son père. Il aurait pitié de lui encore, si ces deux hommes voulaient seulement s’en aller. Ah ! maintenant c’étaient les meesters qu’elle voyait sur le toit ; ils grimpaient jusqu’au haut. Non, c’étaient sa mère et Hans – ou les cigognes. – Il faisait si noir ! On ne pouvait pas savoir au juste ! Qu’est-ce qui remuait et se balançait si drôlement ! Des oiseaux chantaient doucement. Quelle sorte d’oiseaux peuvent donc chanter, l’hiver ? quand l’air est glacé ? Combien en comptait-elle ? Plus de vingt, plus de deux cents. Oh ! écoutez-les, mère ! Mère ! mère, éveillez-moi pour la course. Je suis fatiguée de pleurer et de pleurer… »

Une main ferme se posa sur son épaule.

« Levez-vous, chère petite fille, lui cria une voix pleine de bonté. Pourquoi restez-vous là, comme cela, pour geler ? »

Gretel souleva lentement sa tête. Elle avait si sommeil qu’il ne lui parut pas étrange que Hilda Van Gleck fût penchée sur elle, la regardant avec ses beaux yeux bienveillants. Elle avait déjà vu cela en rêve.

Cependant elle n’avait jamais rêvé que Hilda la secouait rudement, l’attirant à elle de toutes ses forces ; non, elle n’avait jamais rêvé qu’elle lui entendait dire :

« Gretel ! Gretel Brinker ! Réveillez-vous ! chère petite, il le faut ! »

Ce rêve était une réalité. Gretel regarda. Oui, la jeune demoiselle, belle et délicate, la secouait, la frottait, la torturait même. Ce devait être un rêve. Mais non ; la cabane était là, devant elle, aussi bien que le nid de cigognes et la voiture du meester, là-bas, sur les bords du canal. Elle commençait à tout voir très-distinctement. Ses mains la piquaient terriblement. Ses pieds aussi lui faisaient un mal affreux. Hilda l’obligeait à marcher.

À la fin, Gretel commença à recouvrer ses sens :

« Je me suis endormie, balbutia-t-elle toute honteuse en se frottant les yeux de ses deux mains.