Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quatre pieds de haut et balayait gravement la pierre du foyer avec une poignée de branches de saule. Meitje, sa bonne femme, aussi agréable et aussi belle que jamais, devait peser une cinquantaine de livres de plus. Tous ces changements pour lui s’étaient opérés en quelques heures. Sa figure à lui s’était enrichie de quelques rides qu’il ne se connaissait pas, et qui l’intriguaient. Les seuls objets de la chaumière qui lui fussent complètement familiers étaient la table de sapin qu’il avait fabriquée avant son mariage, la grosse Bible reposant sur la planche et le buffet dans le coin.

Ah ! Raff Brinker, il était bien naturel que vos yeux se remplissent de chaudes larmes, même en regardant les figures joyeuses de vos bien-aimés. Dix années retranchées de la vie d’un homme, ce n’est pas une petite perte ; dix années de virilité, de bonheur domestique perdus ; dix années d’honnête labeur, de consciente jouissance du soleil et des beautés de la nature disparues ; et comment ? Avoir eu tout cela à sa portée un jour et s’éveiller le lendemain pour n’en plus rien trouver. Plus rien ! Qui pourrait s’étonner que des pleurs brûlants coulent le long de vos joues !

Tendre petite Gretel ! La prière de sa vie entière se trouvait exaucée. Elle sentait qu’elle aimait et connaissait son père, à partir de cet instant. Hans et sa mère se regardèrent silencieusement lorsqu’ils la virent s’élancer vers lui et lui jeter les bras autour du cou.

« Père, cher père, murmura-t-elle en pressant doucement sa joue contre la sienne, ne pleurez pas, nous sommes tous ici.

— Dieu te bénisse ! dit Raff sanglotant et l’embrassant à plusieurs reprises, t’avais-je donc oubliée ! »

Il releva bientôt les yeux et parla gaiement :

« Je la reconnais, femme, dit-il en tenant la jeune et