Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/249

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jolie fille entre ses bras et la contemplant comme s’il la voyait en une seconde croître de toutes les années écoulées, je la reconnais. Les mêmes yeux bleus, les mêmes lèvres rouges, et… et… la petite chanson qu’elle chantait avant de pouvoir parler ! – Mais il y a donc longtemps de cela ? ajouta-t-il avec un soupir en continuant à la regarder d’un air pensif, bien longtemps… C’est oublié maintenant ?

— Mais non, mais non, s’écria vivement dame Brinker, croyez-vous que j’aurais permis qu’elle l’oubliât ? – Gretel, mon enfant, chante la vieille chanson que tu sais depuis si longtemps. »

Raff Brinker laissa retomber ses mains d’un air de fatigue, et ses yeux se fermèrent ; mais il faisait bon voir le sourire qui errait sur sa bouche, pendant que la voix de Gretel flottait autour de lui comme un encens.

C’était un chant simple, dont elle n’avait jamais connu les paroles.

Avec un instinct plein d’amour, elle adoucit encore chaque note, jusqu’à ce que Raff s’imaginât presque que son kindje de deux ans était encore près de lui.

Aussitôt que la chanson fut terminée, Hans monta sur un tabouret et se mit à fourrager dans le buffet.

« Prenez garde, Hans, fit dame Brinker qui, malgré sa pauvreté, était toujours une femme de ménage soigneuse, prenez garde ; le vin est là, à votre droite, et le pain blanc derrière.

— N’ayez pas peur, mère, répondit Hans, cherchant à atteindre quelque chose placé au fond, sur la plus haute planche, je ne ferai pas de malheur. »

Redescendant alors, il alla placer dans les mains de son père un bloc oblong de bois de sapin ; les bouts en étaient arrondis et on avait fait au sommet des coupures assez profondes.