toutes les fois qu’il avait fait du vent, obligés de déblayer le sable qui envahissait leurs champs pour retrouver la terre qu’il avait recouverte. Des averses sèches (de sable) tombaient au moment où on y pensait le moins, au premier souffle de tempête, sur de vastes étendues, et tout disparaissait sous ce gris linceul.
Un grand nombre de singularités qui distinguent la Hollande ne servent qu’à démontrer l’économie et la persévérance du peuple qui l’habite. Il n’y a pas dans le monde entier un jardin mieux cultivé que cette petite terre conquise sur l’eau. Il n’existe pas de nation plus brave, de race plus héroïque que ces Hollandais à l’air apathique. Peu les ont égalés en découvertes importantes et en inventions utiles ; aucune ne les a surpassés dans le commerce et la navigation, dans le savoir, la science ou dans les arts. Nulle part on n’a donné d’aussi intelligents exemples, soit pour le progrès de l’instruction, soit pour la répartition des charités publiques, et aucun peuple, en proportion du peu d’étendue de la Hollande, n’a dépensé autant d’argent et de travail pour les choses d’utilité générale. Chacun par là pense à tout. Cette originalité mériterait d’être imitée.
Les annales de la petite Hollande sont toutes brillantes d’hommes et de femmes nobles et illustres dans la littérature et dans les arts. Elle a ses grandes archives historiques de patience, de résistance et de victoires. On l’a nommée justement : « le champ de bataille de l’Europe. » Nous pouvons la considérer avec raison comme l’asile du monde entier, car les opprimés de toutes nations y ont trouvé abri et protection. C’est un gouvernement hollandais qui a répondu à l’envoyé d’un despote étranger qui exigeait qu’on le renseignât sur les actes d’un exilé :
« Les exilés sont sous notre protection et non sous notre surveillance. »