Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/250

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« Reconnaissez-vous cela, père ? » demanda-t-il.

La figure de Raff s’éclaira :

« Oui vraiment, garçon ; c’est le bateau que je vous faisais hi… hélas non, pas hier, mais il y a des années.

— Je l’ai toujours gardé, père ; vous pourrez le finir lorsque votre main sera plus forte.

— Oui, mais pas pour vous, mon garçon ; il faut que j’attende jusqu’à ce qu’il y ait des petits-enfants. Vous allez être un homme, bientôt. Avez-vous bien aidé votre mère pendant toutes ces années, hein, garçon ?

— Oui, oui, et bravement encore, fit dame Brinker, nous avons un bon fils et une bonne fille, va !

— Voyons un peu, reprit le père, les regardant tous d’un air embarrassé. Combien y a-t-il que les eaux arrivaient ? C’est la dernière chose que je me rappelle.

— Nous t’avons dit la vérité, Raff ; il y a eu dix ans à la Pentecôte dernière. »

— Dix ans ! Et je suis tombé, dites-vous ? Est-ce que la fièvre m’a tenu tout ce temps-là ? »

Dame Brinker savait à peine ce qu’elle devait répondre. Fallait-il lui dire qu’il avait été idiot ? presque fou, même ? Le docteur lui avait bien recommandé de ne fatiguer ni exciter le malade en aucune façon.

Hans et Gretel parurent surpris lorsque la réponse vint enfin.

« C’est bien possible, Raff, dit-elle en secouant la tête et soulevant ses sourcils. Lorsqu’un homme aussi fort que toi tombe sur la tête, il est difficile de prévoir ce qui en résultera. Mais tu vas bien, maintenant, Raff. Dieu soit loué ! »

L’homme nouvellement réveillé courba le front.

« Ah ! oui, assez bien, ma femme, dit-il après quelques moments de silence. Mais mon cerveau tourne comme la