Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/280

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avait-il dit en la lui confiant, ne vous en séparez jamais sans mes ordres. »

Aucune explication n’avait suivi la remise de ce dépôt, car Raff Brinker avait à peine prononcé ces paroles, qu’un de ses compagnons de travail s’était précipité dans la chaumière en s’écriant :

« Arrivez, Raff ! les eaux montent ! On a besoin de vous sur les digues. On n’espère plus qu’en vous pour trouver le moyen de dompter les eaux. »

Raff l’avait suivi immédiatement, comme dame Brinker vous l’a déjà dit, et cela avait été la dernière fois qu’elle l’avait vu dans son bon sens.

Quatre jours après la visite et la cure du docteur Boekman, le jour même où Hans était allé à Amsterdam chercher de l’ouvrage, et pendant que Gretel, ayant terminé ses travaux d’intérieur, était sortie, courant de côté et d’autre pour ramasser du bois mort, de petites branches, n’importe quoi qui fût bon à brûler, dame Brinker, décidée à avoir raison du mystère et dominant son émotion, avait sans l’avertir, posé tout à coup la montre entre les mains de son mari.

« La vérité est, dit-elle par la suite à Hans, qu’il n’était pas raisonnable d’attendre plus longtemps, lorsqu’un mot du père pouvait nous éclairer. Pas une femme dans ma position, du moment où son mari avait retrouvé ses esprits, n’eût tardé à essayer de savoir enfin de lui comment cette montre était tombée en sa possession et pourquoi, en la lui remettant, à elle, il avait entouré cette remise de si solennelles recommandations. »

Raff Brinker avait tourné et retourné dans sa main l’objet brillant et bien poli, puis il avait examiné le bout de ruban noir bien repassé qui y était attaché ; il semblait à peine le reconnaître.

« Ah ! je me rappelle, dit-il cependant à la fin. Mais quoi, femme, vous l’avez fait briller comme un florin neuf.