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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/281

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— Ah ! fit dame Brinker secouant la tête d’un air de complaisance. »

Raff considéra la montre de nouveau.

« Pauvre garçon ! » murmura-t-il.

Puis il resta quelques instants sombre et pensif.

C’en était trop pour la bonne femme.

« Pauvre garçon ! répéta-t-elle avec une nuance d’humeur. Que pensez-vous que j’attende plantée-là, Raff Brinker, pendant que mon rouet se tait, si ce n’est d’en apprendre davantage.

— Il y a longtemps que je vous ai tout raconté, dit Raff d’un air pensif en la regardant avec surprise.

— Vous vous trompez, je vous assure, répliqua dame Brinker, vous avez été interrompu au moment où vous alliez parler, mais depuis vous n’avez rien dit.

— Eh bien, si je ne l’ai pas fait, comme c’est une affaire qui ne nous regarde pas, n’en parlons plus, dit Raff en secouant tristement la tête. Il est probable que, pendant que j’étais là comme mort après ma chute, mais encore vivant pour la terre, lui était mort pour tout de bon et déjà au ciel avec Dieu. »

Dame Brinker n’avait pas rassemblé tout son courage pour en rester là.

« Raff, lui dit-elle, la femme qui vous a soigné depuis l’âge de vingt et un ans, devait s’attendre à moins de défiance. Il est dur d’être traitée ainsi par l’homme envers qui l’on n’a rien à se reprocher. »

Et s’il faut tout dire, dame Brinker qui était vive, était devenue toute rouge d’impatience en prononçant ces paroles.

La voix de Raff était encore faible.

« Vous traiter comment, Mietje ? fit-il.

— Comment ? répéta la bonne femme en l’imitant, comment ? Mais quelle femme supporterait d’être traitée ainsi après avoir tout enduré pour l’amour de son mari.