Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/282

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— Mietje ! »

Raff, les bras étendus, se penchait en avant. Ses yeux étaient pleins de larmes.

Dame Brinker se jeta à ses pieds, lui serrant les mains dans les siennes.

« Oh ! qu’ai-je fait ! J’ai fait pleurer mon pauvre et brave homme, lui qui m’a été rendu il y a quatre jours à peine ! Regardez-moi, Raff. Hélas ! Raff, mon homme bien-aimé, que je suis fâchée et honteuse de t’avoir fait de la peine ! C’est dur, sans doute, de ne pas savoir l’histoire de cette montre, après avoir attendu dix ans pour l’apprendre. Mais je ne t’en parlerai plus. Raff, rends-la-moi, cette vilaine montre, cause de notre première querelle. Donne, je vais la mettre de côté pour ne plus jamais la voir.

— J’avais eu tort de pleurer et de vous montrer mon émotion, dit Raff à sa femme en la pressant sur son cœur. Je reconnais qu’il n’est que juste que vous sachiez enfin la vérité. Si j’ai hésité, Mietje, c’est qu’il me semblait que c’était trahir les secrets d’un mort que d’en parler même à vous.

— Es-tu donc sûr, Raff, dit Mme Brinker, que l’homme, le garçon dont tu parlais, soit mort, en es-tu certain ? »

Dame Brinker s’était levée dans l’intention d’aller cacher la montre, mais sans en avoir conscience, elle s’était rassise à l’autre bout du banc, pleine d’attente. Puisque son mari parlait, pourquoi ne pas l’écouter.

« Sûr ? non, répondit le convalescent, mais s’il ne l’était pas, ce serait comme un miracle ?

— Était-il malade, Raff ?

— Non, pas malade, femme, mais désespéré.

— Penses-tu qu’il eût fait quelque chose de mal ? » demanda-t-elle en baissant la voix.

Raff fit un signe étrange dont sa femme ne comprit pas bien le sens.