Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Vous avez l’air d’un honnête homme, me dit-il.

— Ah ! là il avait raison ! » fit la bonne femme, non sans une sorte d’emphase.

Raff eut l’air embarrassé :

« Où en étais-je, ma femme ?

— Le jeune homme vous saisit par le bras, Raff, dit-elle en le regardant avec anxiété.

— Oui, oui, mais les mots me reviennent difficilement… Tout cela me fait l’effet d’un songe, voyez-vous.

— Ah ! mon pauvre mari, s’écria dame Brinker en lui caressant la main, avant d’être malade, vous aviez de la tête pour douze autres ; l’esprit était toujours présent. Mais continuez : le jeune homme vous avait dit que vous aviez l’air d’un honnête homme. À quelle heure vous l’a-t-il dit ? Était-ce à midi ?

— Non, bien avant le jour, longtemps avant que matines n’eussent sonné.

— Cela devait donc être dans cette nuit même où vous vous êtes blessé, Raff. Ce jour-là vous étiez parti pour travailler au milieu de la nuit. – Vous en êtes resté, Raff, au moment où le jeune homme, vous ayant saisi par le bras, allait vous parler.

— Oui, reprit-il, et il me semble que j’entends encore sa voix désolée.

« Conduisez-moi un bout de chemin, à quelques milles d’ici, sur la rivière, me dit-il, je ne vous demande que cela. »

Je travaillais alors, vous vous le rappelez, assez loin sur le travers d’Amsterdam. Je lui répondis que je n’étais pas batelier.

« C’est une affaire de vie et de mort pour moi, répondit-il ; si vous savez ramer, conduisez-moi plus loin. Cette barque, – il me montrait une barque – n’est pas attachée à clef, mais c’est peut-être le bateau d’un pauvre homme, et je me ferais un cas de conscience de le prendre sans