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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/294

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aujourd’hui, du train dont il va, c’est à croire qu’il surpassera même son père. Asseyez-vous, mon homme, asseyez-vous !

— Vous rappelez-vous, femme, dit Raff en s’asseyant avec précaution sur la grande chaise, la merveilleuse boîte à musique qui vous égayait pendant que vous travailliez dans la grande maison d’Utrecht ?

— Oui, oui, répondit la dame, trois tours d’une clef de cuivre, et la sorcière vous faisait, avec sa musique, tressaillir de la tête aux pieds. Je me la rappelle fort bien. Mais, Raff, ajouta-t-elle, en devenant tout à coup sérieuse, vous ne voudriez pas gaspiller nos guilders à acheter une chose pareille ?

— Non, non, femme, car le Seigneur m’a déjà donné, gratis, une boîte à musique. »

Et tous trois se regardèrent vivement d’un air effrayé, Raff perdait-il encore une fois l’esprit ?

« Oui, oui, et une boîte à musique que je ne vendrais pas pour une sacoche remplie d’argent, fit Raff en insistant. Seulement c’est un manche à balai qui la met en mouvement. Elle glisse et se promène par la chambre, passant comme l’éclair et éparpillant sa musique jusqu’à ce qu’on se figure que les oiseaux sont de retour.

— Bienheureux saint Bavon ! cria la dame, qu’est-ce qui lui prend maintenant ?

— Des consolations et de la joie, femme, voilà ce qui me fait parler ! Demandez à Gretel, demandez à ma petite boîte à musique, Gretel, si les consolations ont manqué à votre homme aujourd’hui.

— Certainement, mère, fit Gretel en riant. Père a été, lui aussi, ma boîte à musique. Tant qu’a duré votre absence nous avons chanté ensemble. Quel bon chanteur que Père !

— Ah ! vraiment ! dit la dame grandement soulagée.