Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous avez bien fait, mais vous recommencerez bien quelquefois vos chansons pour votre femme, n’est-ce pas, mon Raff, pour votre femme plus vieille de dix ans, mais que votre résurrection va rajeunir.

— Je le crois bien, dit Raff, que je vais m’en donner de chanter à présent et de travailler, donc ! »

Mme Brinker, qui avait l’œil à tout, l’interrompit.

« Attention, Hans ; vous n’avalerez jamais un morceau pareil, mon garçon, et vous avez les yeux plus grands que le ventre. »

Et comme Hans hésitait :

« C’est pour rire, garçon ; ne te retiens pas. Tu as souffert, toi aussi ! Tiens, Gretel, prends encore un morceau de saucisson ; cela mettra du sang sur tes joues.

— Mère, fit Gretel en riant et tendant vivement son assiette, ce n’est pas du sang qui vient sur les joues, ce sont des roses. N’est-ce pas, Hans, que ce sont des roses ! Regardez quelle bonne mine a notre mère !

— Eh bien, du sang ou des roses, c’est tout un pour moi, dit la dame, pendant que Hans se dépêchait d’avaler sa bouchée monstrueuse, afin de pouvoir faire une réponse convenable.

— Eh mais, femme, dit Raff, Gretel a raison, tu es plus fraîche et plus vive en ce moment que nos deux enfants mis ensemble. »

Bien que cette observation parût excessive à la modestie de dame Brinker, comme Hans et Gretel s’étaient empressés d’y applaudir, elle remplit néanmoins la bonne femme d’une immense satisfaction.

Le repas se passa donc de la manière la plus délicieuse.

Hans venait de repousser son tabouret, s’apprêtant à se rendre chez mynheer Van Holp, pour le travail dont il l’avait chargé, et la mère se levait pour remettre la montre