Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/301

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message, c’est lui qui a dû croire à mon inflexible cruauté ! »

Dame Brinker se hasarda à parler. Elle ne pouvait supporter de voir le docteur pleurer.

« C’est une grande consolation que Dieu vous a laissée, mynheer, que de savoir du moins le fugitif innocent. Ah ! le pauvre jeune monsieur ! On comprend, Raff, ce qu’il vous disait : que, bien qu’il fût pur de tout crime, il avait été la cause de la mort d’un homme. Mais notre Gretel aurait pu en faire autant !

— Chut ! femme, fit rudement Brinker.

— Pauvre Laurens ! répétait le docteur, quel concours de fatalités !

— Mynheer, lui disait Hans tout bas, je retrouverai votre fils. Je vous ramènerai votre Laurens, aussi vrai que vous nous avez rendu notre père. »

Et on peut dire que son cœur faisait trouver là au brave Hans les seules paroles qui pussent calmer l’affliction du docteur.

« Sois béni, mon enfant ! dit le docteur en saisissant la main du jeune homme. Espérons que Dieu nous guidera dans nos recherches. Quant à ce qui est de vous, Brinker, dit-il en s’adressant au père de Hans, il n’est pas impossible qu’une lueur se refasse un jour dans votre esprit sur ce sujet. Vous me le ferez dire tout de suite, n’est-ce pas ?

— Oh ! docteur, dit Gretel, nous irons tous vous le dire.

— Les yeux de votre garçon, reprit le docteur en se tournant vers dame Brinker, ressemblent étrangement à ceux de mon fils. La première fois que je le rencontrai, j’eus un frémissement ; il me sembla que mon fils lui-même était devant moi.

— Ah ! mynheer, répondit l’orgueilleuse mère, j’ai remarqué que vous aviez une grande prédilection pour l’enfant. »