Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pendant quelques instants le docteur demeura absorbé par ses réflexions, mais revenant enfin à lui :

« Pardonnez-moi, Raff Brinker, dit-il, de n’avoir pu vous cacher mon émotion, et ne vous reprochez rien en ce qui me concerne. Dites-vous que je quitte aujourd’hui votre maison plus heureux que je ne l’ai été depuis de longues années, puisque j’emporte la certitude que mon fils, même en cette journée funeste, n’avait du moins pas oublié son père.

— Cette montre, docteur, vous le rappellera par chacun de ses battements, dit Brinker.

— Oui, oui, répondit le docteur, regardant son trésor avec le singulier froncement de sourcils qui lui était habituel, car son visage n’avait pu, en un instant, se défaire de ses mauvais plis. Oui ! oui ! Et maintenant il faut que je m’en aille. Le malade ici n’a plus besoin du médecin, il ne lui faut que la paix et la gaieté, et ni l’une ni l’autre ne lui manqueront. Le ciel vous bénisse, mes bons amis. Je vous serai toujours reconnaissant.

— Le ciel vous bénisse aussi, mynheer, et puissiez-vous trouver bientôt le cher jeune monsieur, dit dame Brinker avec chaleur, après avoir essuyé ses yeux à la hâte avec le coin de son tablier. »

Raff fit entendre un Amen sorti du fond du cœur, et Gretel jeta au docteur un regard si plein de sympathie, qu’il lui caressa les cheveux en se retournant avant de sortir de la chaumière.

Hans l’accompagna au delà de la porte :

« Quand vous jugerez que je puis vous être utile, mynheer, je suis prêt.

— Je le sais, mon garçon, répliqua le docteur avec une douceur toute particulière. Dites-leur, là-dedans, de ne rien conter à personne de ce qui s’est passé. En attendant, Hans, lorsque vous serez avec votre père, observez-le,