Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/309

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais beaucoup se contentaient de cuivre ou d’imitation. Il n’était pas extraordinaire cependant de voir une Frisonne porter sur sa tête toutes les richesses de la famille, et plus d’une jeune fille de la campagne exhibait ce jour-là dans sa seule coiffure pour plus de cinq cents florins de bijoux.

Éparpillés dans la foule se trouvaient des paysans de l’île de Marken, en sabots, en bas noirs bien tirés sous de vastes culottes, et des paysannes en jupes bleues courtes et jaquettes noires ornées de gais dessins sur le devant. Les manches rouges, les tabliers blancs, ne manquaient pas à la fête, et un certain nombre de chevelures d’or étaient surmontées d’un bonnet ressemblant à une mitre d’évêque.

C’était à croire que tous ces personnages singuliers qui amusent tous les yeux des étrangers dans les tableaux hollandais étaient sortis de leurs cadres et avaient déserté leurs musées.

De grandes femmes marchaient à côté d’hommes gros et courts comme des souches. Des jeunes filles à la physionomie espiègle et animée étaient accompagnées de robustes et placides garçons dont le visage immuable ne changeait pas d’expression du lever du soleil à son coucher. Il semblait qu’il y eût là des spécimens de toutes les villes et de tous les villages de la Hollande. On y voyait des porteurs d’eau d’Utrecht, des marchands de poteries de Delft, des distillateurs de Schiedam, des lapidaires d’Amsterdam, des encaqueurs de harengs-saurs et des bergers du Texel à l’œil endormi. Pas un homme qui n’eût son sac à tabac et sa pipe ; quelques-uns portaient en outre ce qui complète l’équipage du fumeur : un petit outil pour nettoyer le tuyau, un réseau d’argent pour garantir le fourneau et une boîte d’allumettes fortement soufrées.