Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/323

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et Lambert. Karl rompt bientôt les rangs avec furie. Volez, Peter ! Ne permettez pas à Karl de l’emporter encore cette fois. Ne laissez pas prendre cet avantage à son défaut capital, à sa vanité ! Lambert fléchit, mais Hans et Peter sont aussi solides que jamais. Hans et Peter, Peter et Hans. – Lequel est en tête ? Nous les aimons tous deux et nous voudrions les voir gagner l’un et l’autre.

Hilda, Annie, Gretel, assises sur la longue banquette, ne peuvent plus tenir en place. Elles sautent sur leurs pieds, se ressemblant par l’anxiété qui les agite. Hilda veut se contenir : elle se rassied ; personne ne saura combien elle s’intéresse à l’issue de la course ; personne ne verra combien elle est à la fois inquiète et remplie d’une seule espérance. Fermez les yeux, Hilda, cachez votre visage rayonnant de joie. Votre ami Peter est vainqueur ! N’entendez-vous pas ces cris qui saluent son triomphe ?

« Peter Van Holp – premier arrivé ! – vainqueur pour ce mille ! » Le crieur l’a répété trois fois.

Mais serait-il arrivé quelque accident ? Un groupe se presse autour de l’une des colonnes. Karl est tombé. Il ne s’est pas blessé, quoiqu’il soit un peu étourdi de sa chute. S’il se montrait moins maussade, il trouverait plus de sympathie dans ces jeunes cœurs. Tel qu’il est, on l’oublie aussitôt qu’il est remis sur ses pieds et qu’on voit qu’il n’est pas mort.

C’est aux filles à franchir le troisième mille.

Comme tous ces jeunes visages ont un air décidé ! Quelques-uns sont graves. Un timide sourire sur quelques lèvres. D’autres moins modestes semblent triompher à l’avance. Mais la même expression résolue règne dans tous les regards.

Ce troisième mille peut décider de la course. Pourtant, si Hilda ni Gretel ne gagnent pas, une chance s’ouvrira encore pour les autres.