Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/324

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Chaque jeune fille semble maintenant assurée qu’elle parcourra la distance en moitié moins de temps que ses compagnes. Avec quelle attention elles examinent les courroies de leurs patins ! Et comme elles se redressent, à la fin, les yeux fixés sur Mme Van Gleck !

Au son du cor, elles s’élancent en avant, toutes frémissantes, le buste penché, mais dans un équilibre parfait. Les premiers coups de patins sont éblouissants.

Elles effleurent à peine la glace. Les regards des spectateurs ont peine à les suivre. Chacun fait des vœux pour sa préférée. Mêmes bravos se font entendre. Quatre ou cinq jeunes filles ont dépassé les autres. Déjà elles se rapprochent des colonnes.

Qui est la première ? Ce n’est ni Rychie, ni Katrinka, ni la jeune fille en jaune – c’est Gretel – Gretel, le petit lutin le plus léger qui ait jamais chaussé le patin. C’est à croire que la première course pour elle n’avait été qu’un jeu, mais il est clair que cette fois elle se livre tout entière : on dirait que quelque chose lui souffle à l’oreille qu’il faut qu’elle gagne le prix, pour que son père voie enfin ce que vaut sa petite Gretel. Sa taille souple et nerveuse, ses petits pieds d’acier font miracle. Arrivée première au but, son élan est tel qu’elle ne peut plus s’arrêter et le dépasse de plus de cent mètres.

Le crieur n’a rien à apprendre à personne. La supériorité de la petite paysanne, la distance qui la sépare de ses compagnes est telle qu’il n’y a doute pour qui que ce soit. La nouvelle se répand en un clin d’œil jusque dans les profondeurs de la foule. Les bravos éclatent. Gretel a gagné les patins d’argent !

Il n’y a qu’un instant elle volait sur la glace comme un oiseau dans les airs. Comme un oiseau elle s’arrête subitement et regarde autour d’elle d’un air timide et effrayé. Elle voudrait pouvoir se sauver vers le coin abrité où se