Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/327

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Avec Gretel, Peter était le favori.

« Courses superbes ! s’écrient les connaisseurs. Depuis vingt ans on n’en a pas vu de pareilles. »

La musique veut avoir son tour. Elle joue d’abord un air vif, entonne une marche gigantesque. Les spectateurs réduits au silence se décident à écouter et à regarder.

Les concurrents se forment en une seule ligne. Peter, comme le plus grand, se place à la tête ; Gretel, comme la plus petite, prend la queue. Hans, qui avait emprunté une courroie au marchand de gâteaux, se tenait non loin de Peter. Trois jolis arcs de triomphe formés de branches d’arbustes à verdure persistante s’élevaient en face du pavillon des Van Gleck.

Patinant en mesure avec la musique, les garçons et les filles, conduits par Peter, défilent avec un ensemble parfait ; on dirait un long serpent décrivant des courbes hardies, se doublant, s’allongeant, s’enroulant et se déroulant pour passer successivement sous les trois arcs. Partout où allait Peter, chaque anneau de la chaîne ne manquait pas de le suivre.

Dans une dernière figure de ce ballet et sur la vraie glace, Peter et Gretel finissent par se rejoindre : ils sont au centre, un peu en avant des autres. Mme Van Gleck se lève majestueusement. Gretel tremble, mais elle sent qu’il est de son devoir de regarder la belle dame. Elle n’entend pas les aimables paroles qu’elle lui adresse. Elle est si troublée qu’elle a comme un bourdonnement dans les oreilles. Elle avait rassemblé tout son courage pour vaguement essayer de faire une révérence à Mme Van Gleck, dans le genre de celles de sa mère au docteur Boekman, quand on lui plaça dans les mains quelque chose de si éblouissant qu’elle ne put que jeter un cri d’admiration.

Elle se hasarda alors à regarder autour d’elle. Peter aussi a quelque chose dans les mains. « Que c’est beau ! »