Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/329

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foyer se jouaient tour à tour sur le dos de cuir de la vieille Bible, puis sur la porte du cabinet de Gretel, sur les ustensiles de ménage accrochés à leurs clous, enfin sur les patins d’argent et les magnifiques fleurs coquettement disposées sur la table. La figure honnête de dame Brinker brillait à la changeante lumière. Hans et Gretel, les bras entrelacés, étaient appuyés à la cheminée. Raff Brinker, lui, dansait !

Je ne veux pas dire qu’il faisait des pirouettes ou des sauts de carpe ; non, ces gestes eussent manqué de dignité dans un père de famille ; j’affirme seulement que, pendant qu’ils causaient tous agréablement ensemble, Raff s’était soudainement levé de son siège, et qu’après avoir fait claquer ses doigts et tournoyer trois fois son bras en l’air, comme il est d’usage de le faire, au point culminant d’une gigue écossaise, il avait subitement saisi sa femme dans ses bras et l’avait soulevée de terre dans son ravissement.

« Hurrah ! s’écria-t-il, je le tiens ! Ce nom qu’il faut au docteur ! C’est Thomas Higgs ! Oui, c’est là le nom que je ne pouvais retrouver ! Il m’est revenu tout à coup comme un éclair ! Écris-le, garçon, écris-le tout de suite. »

Quelqu’un frappa à la porte.

« Si c’était le docteur ! cria la dame ravie. Il n’est pas impossible que ce soit lui. Ah ! quelle joie ce serait de lui faire ce bien ! Goede Gunst ! comme les choses arrivent ! »

La mère et les enfants se bousculèrent pour arriver les premiers à la porte.

Ce n’était pas le docteur ! Mais c’étaient trois jeunes gens : Peter Van Holp, Ludwig et Ben.

« Bonsoir, jeunes maîtres, fit dame Brinker, si heureuse et si fière qu’une visite du roi lui-même l’aurait à peine surprise.

— Bonsoir, dame Brinker, firent les trois jeunes gens en saluant gracieusement.