Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/345

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pouvait lui en dire Mme Brinker ? Il repoussa donc ce qui n’était pas joie en voyant le père et le fils heureux tous les deux et assis côte à côte près du feu. Hans, lui, ne pouvait penser à autre chose qu’au bonheur de Thomas Higgs qui allait de nouveau pouvoir être l’élève de son père. Que n’aurait-il pas donné pour être en passe d’apprendre un peu de tout ce que savait l’illustre docteur ! Quelle belle chose, s’il lui avait été donné, à lui aussi, de pouvoir s’instruire, et, qui sait, de devenir peut-être à son tour un savant ! C’est si beau de savoir, c’est une si admirable chose qu’une science capable de rendre la santé et la raison à qui les avait perdues !

La lumière donnait en plein sur le visage du docteur. Qu’il avait l’air content ! et qu’il était plus jeune et plus vif qu’autrefois ! Les lignes dures fondaient. Il riait tout en disant à Raff :

« Ne suis-je pas heureux, Raff Brinker ? Mon fils va vendre sa manufacture ce mois-ci, et va ouvrir un magasin à Amsterdam. J’aurai tous mes étuis de lunettes pour rien ! »

Hans, tressaillant, sortit de sa rêverie.

« Un magasin, mynheer ! Est-ce que Thomas Higgs – je veux dire est-ce que votre fils ne sera plus votre aide ?

— Oh ! non, Laurens a assez de ce métier-là. Il veut rester négociant. »

Hans parut si surpris, que son grand ami lui demanda :

« Pourquoi ce silence, garçon ? Est-ce donc une honte d’être marchand ?

— Oh ! non, pas une honte, mynheer, balbutia Hans ; mais…

— Mais quoi ?

— Ah ! l’autre profession est si fort au-dessus ! répondit Hans, elle est si utile et si noble ! Mynheer, ajouta-t-il en