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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/44

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Et elle partit légèrement, dépassant les plus rapides patineurs.

Hans, encore embarrassé, la suivit d’un long regard. Il sentait qu’il y aurait eu mauvaise grâce à faire plus longtemps résistance.

« Soit, murmura-t-il, s’adressant moitié à lui-même, moitié à sa fidèle ombre, Gretel. Mais je n’ai pas une minute à perdre. Si la mère veut me permettre de brûler une chandelle, j’y passerai la moitié de la nuit, et la chaîne sera finie à temps. Je crois que nous pouvons garder l’argent, Gretel.

— Quelle bonne et belle demoiselle ! s’écria Gretel en frappant ses deux mains l’une contre l’autre dans son ravissement. Oh ! Hans, vous voyez, ce n’était pas pour rien que la cigogne s’était fixée sur notre toit, l’été dernier ? La mère disait bien que cela nous porterait bonheur ! Maintenant, Hans, si la mère nous envoie à la ville demain, vous pourrez acheter des patins sur la place du marché. »

Hans secoua la tête.

« La demoiselle voulait vous donner de l’argent pour acheter des patins ; mais si je le gagne, Gretel, ce sera pour acheter de la laine, et pour que vous ayez bientôt une jaquette chaude.

— Oh ! s’écria Gretel, réellement désolée ; quoi ! ne pas acheter les patins ? Mais je n’ai pas souvent froid ! La mère dit que le sang court dans les veines des petits enfants pauvres en bourdonnant sans cesse : « Il faut que je les réchauffe mes veines, il faut que je les réchauffe, pour qu’on ne me dise plus que j’ai froid ! » Oh ! Hans, continua-t-elle en poussant un soupir qui ressemblait à un sanglot, ne dites pas que vous n’achèterez pas les patins, cela me donne envie de pleurer. D’ailleurs je veux avoir froid, moi, et je n’y parviens pas : j’ai terriblement chaud. Regardez si ce n’est pas vrai ? »