Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/61

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— Eh bien, reprit la mère, qu’importe ? La Grèce peut appartenir au roi pour ce que nous en savons. Quoi qu’il en soit, ce riche marchand envoya ses fils à Athènes. En route, ils s’arrêtèrent pour passer la nuit dans une misérable auberge, avec l’intention de continuer leur voyage le lendemain matin. Ils étaient couverts de riches habits, du velours et de la soie, peut-être, comme les enfants des riches en portent dans le monde entier. Leurs ceintures étaient aussi pleines d’argent. Que pensez-vous que fit le méchant aubergiste ? Il résolut de tuer les enfants et de s’approprier leur argent et leurs beaux habits. De sorte que la nuit venue, tandis que tout le monde était endormi, il se leva et mit à mort les trois jeunes gens. »

Gretel joignit les mains et frissonna. Mais Hans essaya de montrer qu’il était assez grand pour tout entendre sans sourciller.

« Ce ne fut pas là le pis, continua dame Brinker, tricotant lentement et essayant de retenir le compte de ses points tout en parlant. Non, ce ne fut pas là le pis. Le misérable aubergiste alla jusqu’à couper en petits morceaux le corps des pauvres jeunes gens, et les jeta dans une grande cuve pleine de saumure, avec l’intention de les vendre pour du porc salé.

— Oh ! » s’écria Gretel, frappée d’horreur, bien qu’elle eût déjà entendu raconter plusieurs fois l’histoire.

Hans restait toujours froid en apparence.

« Oui, reprit dame Brinker, il les sala ! On aurait pu croire qu’il ne serait plus question de ces jeunes messieurs, après un procédé pareil. Pas du tout : saint Nicolas eut cette nuit-là une vision extraordinaire, et il vit l’aubergiste coupant par morceaux les enfants du marchand. Il n’avait pas besoin de se presser, vous entendez bien, car c’était un saint, mais le lendemain matin il se rendit à l’auberge et reprocha son crime abominable à l’aubergiste.