Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dolente. Quelle heure est-il ? Il ne fait pas jour encore.

— Pas jour ! s’écria Peter. Ah ! si j’avais un verre d’eau.

— De l’eau, s’écria Poot, un verre d’eau ! Pas de bêtise, Peter, vous ne ferez pas cela à un ami. »

Ce fut seulement alors qu’il fit l’effort d’ouvrir de gros yeux indignés.

« Ah ça, dit-il en se détirant les bras, je ne suis pas dans mon lit ? Où m’avez-vous déjà porté ? Où suis-je donc ? Des tableaux ! s’écria-t-il, qu’est-ce que ça signifie ?

— Ça signifie, lui dit un gardien, que vous vous êtes endormi dans le musée et que ça n’est pas permis. Allez dormir dans la rue, si vous voulez, mais ça n’est pas ici la place des tonneaux de bière.

— Tonneaux de bière ! s’écria Poot, réveillé pour de bon. Tonneaux de bière toi-même ! »

Et déjà son poing était levé.

Un chorus d’éclats de rire répondit seul au pauvre Poot. Il était si drôle dans sa fureur, que le gardien lui-même ne put tenir son sérieux.

Les amis de Jacob l’avaient entouré, puis entraîné du côté de la porte.

Le grand air lui ayant rendu ses esprits, sa colère se tourna contre lui-même, et dans sa confusion il ne savait quelle attitude prendre.

Peter n’était pas d’un caractère à s’amuser de l’embarras d’un ami. Il donna, pour couper court à l’aventure, le signal du départ.

« La glace me paraît très-forte, dit le capitaine à sa troupe, continuerons-nous à suivre le canal ? ou prendrons-nous la rivière ?

— Prenons la rivière, s’écria Karl. Ce sera plus amusant de côtoyer la route. C’est un peu plus long, mais qu’importe ? »