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Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/97

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de jeu de bourse qui mit en péril la fortune des riches aussi bien que celle des pauvres, car tout le monde s’en mêlait. Il fallut l’intervention des États-Généraux pour mettre fin à cette monomanie. « La tulipe a du bon, c’est une fleur charmante ; mais qu’elle ait passionné un peuple aussi flegmatique que le vôtre, ce serait à ne pas croire si ce n’était un fait irrécusable.

— Nous sommes devenus sages, répondit Lambert, tout en restant amateurs de tulipes.

— Ce diable de petit anglais sait tout, dit Ludwig, quand Lambert lui eut fait part de la réponse de Ben.

— Quand vous embarrasserez mon cousin Ben, répondit en riant le gros Poot, je remettrai un plumet à votre chapeau. »

Et s’adressant lui-même à Ben :

« Qu’est-ce qui vous a le plus surpris chez nous, Ben ?

— Cela a été, dit Ben, de voir ma tante Poot, toute riche et toute grande dame qu’elle est, passer la moitié de son temps à nettoyer sa maison elle-même. J’ai écrit à ma mère hier que le parquet de son salon est plus brillant qu’un miroir et que jusque dans sa salle à manger, j’ai vu ma contre-partie, mes pieds contre mes pieds.

— Votre contre-partie ? dit Poot.

— Et oui, la réflexion de ma propre personne, un second moi-même, mon sosie. Seulement ce second Ben avait la tête en bas et les pieds en l’air.

— Combien de fois êtes-vous entré dans le salon de madame Poot, Ben, mon ami ? dit Ludwig.

— Une seule, répondit Ben, et le cousin Poot, étonné qu’on m’eût fait un tel honneur le jour même de mon arrivée, a eu grand soin de m’avertir que je ne reverrais plus le parquet magique, que le jour où l’on marierait sa sœur.