Aller au contenu

Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bah, répondit Poot, tous les salons de Broek ressemblent à celui de maman. On ne les ouvre que pour les faire reluire, mais personne n’y entre dans l’intervalle.

— Vous n’avez pas eu l’air très-étonné, dit Lambert, de voir les automates qui ornent les petits pavillons et les jardins qui sont semés dans nos campagnes. C’est pourtant une de nos particularités.

— J’avais été prévenu, répondit Ben ; vos cygnes de bois sculpté quand ils flottent sur l’eau doivent faire illusion, mais le mandarin qui remue la tête comme un imbécile, dans le grand marronnier du jardin de tante Poot, n’a pu obtenir mes respects. Vos arbres peints et parés ne sont pas de mon goût non plus.

— Cela viendra, dit Lambert, vous finirez par vous y faire. Notre Hollande vous captivera peu à peu.

— Comme m’a captivé mon Angleterre, comme le beau pays de France charme le Français. Je comprends votre amour pour votre pays, mon cher Lambert, bien qu’à première vue il soit étrange qu’on soit si chaud pour un pays si froid. »

Lambert se mit à rire.

« Bah ! votre sang anglais se fige plus facilement que le nôtre. Je n’ai pas froid, moi. Regardez ces patineurs-là sur le canal, ils sont rouges comme des pivoines et heureux comme des lords. Ho ! hé ! capitaine ! cria-t-il en hollandais, que pensez-vous de l’idée de nous arrêter à cette ferme, là-bas, pour nous y réchauffer un peu les pieds.

— Qui a froid ? fit Peter en se retournant.

— Benjamin Dobbs.

— Eh bien, on réchauffera l’Angleterre, » répondit Peter avec bonne humeur.

Et il fut décidé que toute la société allait se permettre un temps d’arrêt.