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Page:Doesburg - Classique-Baroque-Moderne, 1921.djvu/17

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de la vie des Grecs, par ex., les amena à ne pas considérer la beauté comme une faculté indépendante de l’esprit humain — mais comme intimement liée au phénomène, au corporel. Ils ne seraient donc jamais arrivés à exprimer la beauté d’une manière plus abstraite, à la façon de l’art, p. ex., en créant par le moyen de l’art même une forme adéquate à leur conception de la beauté.

La grande différence entre classiques et modernes consiste en ceci : c’est que les classiques produisaient de l’art à la façon de la nature et que les modernes reproduisent la nature à la façon de l’art.

Il ressort de là qu’ils se trouvent au pôle l’un de l’autre.

Dans l’art grec, où l’idée classique trouve peut-être sa plus pure application, il n’y avait que le phénomène naturel qui comptait. « L’art est l’imitation de la nature » voilà sa devise. Le Grec trouvait dans l’objet naturel une forme équivalente pour son émotion artistique. De là vient que dans toute œuvre de sculpture classique on les trouve harmonieusement unies. C’était un vieux principe esthétique que l’unité dans la diversité devait conduire à la perfection par une composition proportionnelle. Nous le voyons dans la sculpture classique. Le temple dorien est un organisme bien ordonné, composé de parties proportionnelles.

L’harmonie règne dans cette construction d’architraves poussée jusqu’à la dernière conséquence, parce que toutes les parties se conforment au tout. La ligne droite prédomine et nulle part l’impression sculpturale est affaiblie, comme dans l’architecture baroque, par le jeu tourmenté de détails tortueux et capricieux.