Page:Doesburg - Classique-Baroque-Moderne, 1921.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si l’essence de la beauté, l’harmonie, se réalise à la façon de la nature, donc par la groupement, la position et la mesure ordonnés de formes empruntées à la nature (hommes, animaux, plantes, etc.), il peut bien y avoir de l’art dans l’ouvrage, mais cet art n’est pas la conséquence de l’idée artistique, parce que la beauté n’apparait pas sous une forme directe, indépendante et désintéressée, mais sous une forme indirecte, empruntée à la nature.

À vrai dire, l’idée artistique apparaît alors incorporée dans le phénomène naturel.

C’était là l’art classique.

Vous devez vous demander maintenant : peut-il exister un art plus parfait que celui où l’essence de la beauté apparaît complètement à la façon de l’art ? Eh bien, c’est là la déduction conséquente de l’art moderne.

Si, comme je l’ai dit, l’idée artistique apparaissait dans l’art classique à la façon de la nature, dans l’art moderne c’est tout à fait le contraire. Chez les impressionnistes on le remarque déjà. Ils ne reproduisirent la nature que comme rapport de tonalités, c’était plutôt déjà à la façon de l’art, parce que l’idée artistique, l’essence de la beauté ou l’harmonie commençait à se manifester par des taches de couleur ou en pointillé de diverses valeurs de tonalités. Sur une toile impressionniste on ne voyait donc pas des hommes groupés de façon à former une harmonie, mais des taches et des points de couleur, et comme la peinture a comme moyen d’expression les taches de couleurs, les points et les lignes, l’harmonie qui en résulta était bien plus à la façon de l’art pictural.

Vous comprenez maintenant ce que veut dire : à la