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Page:Doesburg - Classique-Baroque-Moderne, 1921.djvu/25

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Ce mouvement de l’œuvre d’art pour l’œuvre d’art s’accéléra parceque une fois l’idée de l’art étant posée nettement, on n’avait qu’à continuer ce chemin pour arriver à une rénovation radicale de l’art. Vous me ferez la remarque : très bien, mais ces modernes étudiaient tout aussi bien leurs prédécesseurs. Certainement, ils le faisaient, mais il faut bien distinguer entre étudier et imiter. Ils ne firent pas de l’art antique une recette qu’on n’avait qu’à prendre pour produire une œuvre d’art. Au contraire. Ils transformèrent les vieilles valeurs en de nouvelles ; aussi, au lieu d’y perdre, l’art y gagna.

On peut dire que les différentes écoles qui se sont succédées et qui ont souscrit à la devise « l’art pour le vrai », aspiraient au développement constant d’un style complètement à la façon de l’art, c’est-à-dire un style uniquement de rapports, la conséquence de toute idée de l’art.

Ceux qui réfléchissent doivent reconnaître que l’essence de l’art repose en effet sur le rapport. Je dois rappeler ici que déjà les impressionnistes ont regardé la proportion des tonalités comme l’essentiel de leur art. Un tableau de peinture n’était plus pour eux l’imitation d’un objet, mais un problème de rapports de tonalités. Ce qui intéresse l’artiste, aussi bien en ce qui concerne la couleur qu’en ce qui concerne la forme, c’est le rapport. À la base de l’œuvre d’art on trouve toujours le rapport, par ex., de la forme et de la couleur, de deux formes, de deux couleurs, d’espaces, etc. L’essence de la beauté, l’harmonie ne peut se réaliser que lorsque ce rapport est en équilibre.

Or, il y a une grande différence entre l’harmonie réalisée à la façon de la nature ou bien à la façon de l’art.