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SI NOUS ÉTIONS RICHES


Les soirs d’hiver, quand nous n’avions ni feu ni lumière, le ventre vide, nous nous couchions pour avoir plus chaud, et causions de ce que nous aurions fait si nous avions été riches.

Un soir, transportés par la griserie, mes parents se disputèrent presque.

Mon père, ancien cavalier à l’armée, aurait eu des pur sangs et m’aurait appris à monter à cheval. J’avais le corps qu’il fallait, disait-il, pour porter l’amazone, car jamais une grosse femme n’est bien à cheval.

Mina souhaitait une robe de satin vert, et des bottines qui lui monteraient aux mollets.

Moi, je voulais une armoire en verre remplie de poupées, habillées de soie et coiffées de per-