Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/113

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les ; puis une très grande poupée, qui eût été la reine des autres. Elle serait vêtue d’une robe faite d’ailes de papillons, que j’aurais assemblées par un point de dentelle.

— Tudieu ! exclama mon père.

— Cette créature enfantine, dit ma mère, est toujours là avec ses poupées !

— Moi, fit-elle, je porterai des bonnets en chenille, qui feront enrager toute l’impasse.

— C’est cela ! tu ferais enrager toute l’impasse, comme si nous allions rester ici, étant riches !

— Ah ! c’est vrai… Puis les enfants apprendront le français, à jouer du piano et à danser, et je leur friserai les cheveux à l’anglaise. Nous habiterions, au Canal des Empereurs, une grande maison, où il y aurait des chambres bleues rouges et vertes.

— Pourquoi toutes ces couleurs ? demanda mon père.

— J’ai lu qu’il en est ainsi dans les « maisons riches » : on le voit du reste à travers les fenêtres.

— Ah ! et comment serait ta chambre ?

— La mienne ? rouge, je l’ai toujours dit, rouge. Comme je suis brune…