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FABRIQUE DE CHAPEAUX


J’avais dix-sept ans. Nous habitions à Bruxelles un quartier ouvrier. Nous ne savions pas un mot de français, et même le « marollien » nous était inintelligible : cela nous empêchait tous, mon père le premier, de trouver un travail convenable.

Une jeune femme du voisinage m’emmena à la fabrique de chapeaux où elle était employée ; je fus embauchée. On me conduisit dans un grand atelier rempli de vapeur, où des femmes, presque toutes jeunes, besognaient, les manches retroussées, devant de longs bacs remplis d’eau chaude, additionnée de vitriol, me dit-on. Elles s’arrêtèrent un instant pour me dévisager ; puis les têtes se penchèrent, les bras s’abattirent, et le