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dixième bon point : j’en avais déjà sept et le vieux curé m’avait promis que mon image serait belle, parce qu’il voyait bien maintenant que j’étais une brave petite fille. Je continuai donc à me rendre à mon ancienne église.

Or, voilà que le jour du dixième point, ce fut le vicaire qui fit le catéchisme et, pour comble de malchance, je tirai la langue à l’Indienne à un moment où le vicaire se retournait. Il se fâcha et dit que c’était manquer de respect à Dieu d’oser tirer la langue dans sa maison. Pour me punir, il me fit agenouiller devant le maître-autel, les bras levés au-dessus de la tête et un tabouret dans chaque main. Quand tous furent partis, je déposai un tabouret, — car deux, c’était trop lourd, — et des deux mains, je soutins l’autre aussi haut que je pouvais. Mais vaincue par le chagrin d’avoir perdu mon dixième point, je finis par déposer aussi celui-là, et, pleurant à chaudes larmes et sacrant comme mon père, je me couchai tout du long devant le maître-autel, sans m’inquiéter de Dieu.

Ainsi me trouva une des servantes du curé, qui s’enquit pourquoi je pleurais. Je le lui racontai, en ajoutant que mes dix points étaient irrémédiablement perdus, puisque, pour faire ma première communion, je devais aller à ma