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J’ENTENDS LES PUCES MARCHER


Nous habitions une chambre unique, dans une impasse gluante d’Amsterdam. Le soleil n’y pénétrait jamais et si, en hiver, le froid humide y était glacial, en été la chaleur moite nous anéantissait. Il n’y avait qu’une alcôve à étage, ainsi que dans les barques de pêcheurs, mais cloisonnée : on y était comme dans un placard. Les parents dormaient dans le compartiment du bas ; quelques-uns des enfants dans celui du haut, les autres à terre, sur une paillasse. Dans un coin, un petit tonneau servant de chaise percée à la famille ; dans d’autres, des langes d’enfant souillés, puis les détritus de tout un ménage miséreux. L’odeur de la pipe de mon père et les émanations de dix pauvres rendaient l’atmosphère irrespirable.