Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/65

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aussi, au lieu de raconter ce qui m’était arrivé, je lui dis :

— Mère, sais-tu pourquoi les pissenlits et les pâquerettes sont fermées la nuit ? Eh bien ! elles dorment comme nous.

— Quoi ? Que racontes-tu ? Tu es sortie ?

— Oui, je suis allée à la Haute Digue pour me rafraîchir et chercher des fleurs, mais elles dorment.

— Ah ! cette créature enfantine ! Tantôt elle entendait les puces marcher, maintenant les pissenlits dorment ! Mais avec tout cela, tu me réveilles à chaque instant, et je suis éreintée, éreintée. Allons, va dans ton lit et dors.

Je n’y songeais pas, et quand ma pauvre mère s’assoupit à nouveau, je sortis doucement dans l’impasse, où je me mis à jouer aux osselets sur la pierre de la citerne.