Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/77

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Dirkje, ni Naatje, ni Keesje. Ah non ! Ah non ! pour rien, pour rien, je ne voudrais ne pas les avoir. Ma gorge se serrait, je m’agitais sur ma chaise.

— Mais ne remue donc pas ainsi, Keetje ? tu vas trouer la natte avec les pieds de la chaise.

Je me tins coite un instant. Les voyez-vous lâchés ici ? Dirk qui se traîne sur son derrière et n’est pas encore propre ! Quel dégât ! Je riais en dedans, mais n’osais plus manifester mes sensations.

— Et ta mère, Keetje ? elle ne t’a pas dit quand elle va acheter un bébé ?

— Vous pensez, Mademoiselle, que ma mère achète les enfants ? Je crois plutôt qu’on nous les donne de force ! nous n’avons même pas d’argent pour aller chercher de l’huile pour la lampe. Je comprendrais que vous en achetiez, mais nous ! Et mes parents disent toujours que c’est une calamité, mais qu’il n’y a rien à faire.

Mademoiselle Smeders me regarda bouche bée et ne répondit pas. Elle choisit une poêle, la plaça sur le feu, y versa de l’huile, puis alla vers l’alcôve, souleva l’édredon sous lequel elle prit le bassin rempli de la pâte à crêpes qu’elle y avait mis lever, et commença à faire des crêpes pour le dîner. Elle laissa brunir l’huile, y versa la