Page:Doin - Le dîner interrompu ou Nouvelle farce de Jocrisse, 1873.djvu/26

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miennes se redressent et je m’dis : Diable ! Qu’est-ce qu’il veut dire là ? J’le regardais… il avait une mine… mais une mine !… Ah ! M. Vincent, c’était effrayant à voir !

Vincent (commençant à avoir peur)

Tu m’épouvantes, Jocrisse ?

Laflûte (à part) (souriant)

J’comprends un p’tit peu.

Jocrisse

Laissez-moi continuer… vrai… quand j’pense à ça, l’frisson m’passe partout… brrrou… Vlà qui s’promène… qui marche à grands pas… et puis… y s’tatait les oreilles… y souriait… y grimaçait… y paraît que c’te maladie là, parce que, voyez vous, c’est une maladie, ça vous prends tout d’un coup à c’que me dit l’docteur Turgeon à qui qu’j’en ai fait confidence et qui soigne not’ maître… enfin M. Vincent, vous comprenez que j’savais pus quoi comprendre et ma foi, j’étais là, j’pouvais pus bouger, tant j’avais peur.

Vincent (toujours effrayé)

Certes ! il y avait de quoi, et ça s’est passé comme ça ?

Jocrisse

Oh ! non, la suite est bien plus terrible, car au moment où je ne m’y attendais pas, M. Plumet se r’tourne devant moi… sa bouche souriait… mais ses yeux flamboyaient. Jocrisse ! qui m’dit comme ça, aimes-tu les oreilles ?… j’ai pas pu trouver un seul mot… je l’vois marcher droit à la table… j’pense ben qu’il v’nait prendre son rasoir… j’l’ai pas entendu comme vous pensez ben… je m’suis sauvé et j’ai été m’cacher une partie d’la journée dans la cave.

Laflûte (à part)

J’comprends tout, ah ! diable de Jocrisse, va  !