Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas prévenir le temps qu’il faut laisser à l’année qui vient et dire un mot de notre charitable inconnue qui envoya pour sa part à Mlle Mance, pendant cette année, 3 000 livres, trois chapelles et plusieurs meubles, lui adressant le tout comme si elle eut été logée, ce que M. de Maison-Neufve voyant, il résolut d’employer tout son monde avec la plus grande diligence qu’il se pouvait, afin de la loger, ce qu’il fit avec tant de promptitude que le 8 Octobre du même au, elle fut logée et en état d’écrire et de dater ses lettres de l’hôpital du Montréal, écrivant à sa chère fondatrice, ce qu’envisageait beaucoup M. de Maison-Neufve afin de la contenter ; l’hôpital ne fut pas plus tôt fait qu’il se trouva assez de malades et de blessés ! pour le fournir, tous les jours, les Iroquois par leurs boucheries y fournissaient de nouveaux hôtes, ce qui obligeait un chacun à bénir Dieu de tout son cœur pour les saintes inspirations qu’il avait données à cette inconnue en faveur des pauvres malades et blessé ? de ce lieu ; cela fit voir à Mlle Mance que sa bonne Dame avait bien raison de ne lui point acquiescer en changeant ses charités ci ; faveur d’une mission pour laquelle elle la sollicitait ; cet ouvrage étant si nécessaire même dans les commencements, de quoi Mlle Mance étant pour lors bien convaincue, lui écrivit en cette sorte. D’abord que la maison où je suis a été faite, incontinent elle a été garnie, et le besoin qu’on en a fait voir la conduite de Dieu en cet ouvrage : C’est pourquoi, si vous pouviez encore faire une charité qui serait que j’eusse ma subsistance pour moi et pour une servante, et que les 2 000 livres de rente que vous avez donné fussent entièrement aux pauvres, on aurait meilleur moyen de les assister voyez ce que vous pouvez faire là dessus, j’ai de la peine à vous le proposer, parce que j’ai peine à demander, mais vos bontés sont si grandes que j’aurais peur d’un reproche éternel si je manquais à vous mander les besoins que je sais. Ce peu de paroles furent un grain de semence jetée dans une terre très excellente, nous verrons ce qu’elles produiront l’année prochaine.


de l’automne 1644 jusqu’à l’automne 1645 au départ des navires du canada.


Au commencement de cette année, il y eut diverses attaques où Dieu fut toujours très-favorable aux Montréalistes ; de vous dire combien ils ont tué d’ennemis, on ne le peut faire, tant ces barbares sont soigneux à cacher leurs morts et de les enlever ; mais je vous dirais bien une assez plaisante rencontre où il n’y eut point de sang répandu, ce qui arriva de la sorte : une partie de ces barbares