Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/18

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comme la dénomination ſembleroit l’indiquer ; mais il eſt inégal & traverſé par des vallées & des gorges profondes. Peut-être l’a t-on déſigné ainſi par opoſition avec les hautes montagnes qui l’entourent. Le ſol s’abaiſſe graduellement, depuis les montagnes du fond qui courent du Nord au Sud, juſqu’au bord de la mer, ou il ſe termine par une plage baſſe, en forme d’arc de cercle rentrant, que l’on nomme golphe de palma. C’eſt dans cet eſpace renfermé, comme je viens de le dire, entre trois montagnes & la mer, que les efforts de la nature ont été les plus violens; c’eſt le ſol malheureux qui ne préſente plus que les ruines des villes qui s’y étoient formées ; c’eſt là ou tous les habitans paroiſſoient dévoués a une mort certaine & inévitable ; c’eſt donc cette partie de la Calabre que je dois plus particulièrement faire connoitre.

Les Apenins après avoir traverſé l’Italie, en ne préſentant par tout qu’une ſuite de montagnes calcaires, ſoulévent ici leur tête, & montrent a decouvert le granit & la roche feuilletée, qui forment, a eux ſeuls, l’extrémité de cette longue chaîne. Ces ſubſtances que l’on regarde comme primitives, rélativement a la formation de toutes les autres, au deſſous des quelles elles ſont preſque toujours placées, ſembleroient offrir une baſe inébranlable ; & les montagnes qu’elles conſtituent, pénétrant par leurs racines juſqu’au centre du globe, devroient être exemptes de toute viciſſitude ; c’eſt cependant a leur baſe, qu’ont été reſſenties les ſecouſſes les plus violentes , & elles même n’ont pas été exemptes des mouvemens convulſifs, qui ont détruit tout ce qui étoit a leurs pieds.

Tou-