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Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/48

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& ont formé ainſi deux lacs, dont les eaux ſtagnantes portent d’autant plus d’infection, qu’elles contiennent des cadavres & des débris de toutes eſpeces 48.1.

Dans tous les environs, ſur le bord des vallons, il y a eu des éboulemens conſiderables. Toute la plaine, qui eſt au deſſus de la Ville, eſt traverſée par un grand nombre de fentes, & de crevaſſes. Il faut aller a une aſſez grande diſtance, pour trouver un emplacement ou l’on puiſſe établir la nouvelle Ville, ou plutôt le petit hamau, que pourra former le reſte, peu nombreux, de cette malheureuſe population 48.2.

Une plantation conſiderable d’oliviers, apartenante aux Celeſtins, de niveau avec la Ville, & faiſant continuité du même plateau, a ſouffert de très grandes dégradations. Une partie a été renverſée dans la gorge, ou coule le fleuve Soli, & les arbres, dont quelques uns n’ont pas été deracinés par la chute, ont pris des poſitions ſingulieres ou ils conti-
nuent


48.1. Si la nature, ou l’art ne deſſechent pas ces lacs, ils acheveront, par leur exhailaiſons infectes, la deſtruction du petit nombre d’habitans, qui ont ſurvécu a la reunion d’autant de cauſes de mortalité. L’air eſt maintenant ſi épais, ſi infect & ſi humide, que dans le mois de Fevrier, il y avoit autant d’infectes & de moucherons, qu’on en trouve pendant l’été ſur le bord des eaux ſtagnantes.

48.2. L’ancienne population de Terra nova étoit de deux mille ames. Elle eſt reduite a moins de quatre cent ; un peu plus de 1400. ont été enterrés & écraſés ſous les ruines, & le reſte a été enlevé par les fievres putrides. Ce petit nombre d’infortunés ont établi leurs baraques dans une plaine, a un demi mille au deſſus de l’ancienne Ville ; le ſol humide & peu ſolide ne leur permettra pas d’y bâtir des maiſons.