Aller au contenu

Page:Dombre - La Dame en bois.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le dialogue que nous venons de reproduire avait lieu en anglais, mais nous le traduisons pour la commodité du lecteur.

Andréa était une jolie petite fille de cinq ans environ, avec un teint très blanc, une petite bouche rose et de beaux yeux gris limpides sous un front ombré de boucles châtain aux reflets dorés.

Son père, master William Stone, était le type de l’Américain froid et correct dans toute sa pureté.

Il avait réellement l’air d’un gentleman avec son habit noir et sa cravate blanche sous le col haut ; mais son corps maigre flottait dans le drap un peu élimé ; mais ses traits doux et réguliers décelaient une souffrance énergiquement refoulée ; un léger feu rose colorait ses pommettes, laissant le reste du visage dans une pâleur absolue.

Wiliam Stone avait un exceptionnel talent de ventriloque le ciel l’avait doué (hélas ! fatalement) d’un organe souple et susceptible de se décomposer en accents divers.

Au moyen d’un simple noyau qu’il plaçait dans sa bouche, il pouvait rendre sa voix méconnaissable et laisser croire au public que plusieurs personnes dialoguaient ensemble, quand il faisait, tout seul, les frais de la conversation.

Aussi William Stone gagnait-il quelque argent à parler ainsi devant une foule de curieux, dans une sorte de petit théâtre qu’il dressait dans les villes balnéaires où il passait ; il emmenait avec lui ce qu’il appelait « sa famille ».

Sous ce nom, nous ne désignons pas son enfant chérie, Andréina, qui était peut-être l’unique être aimé qu’il possédât sur la terre, mais trois ou quatre poupées de bois, automatiques, de grandeur naturelle, qui obéissaient