Page:Domela Nieuwenhuis - Le Militarisme.djvu/13

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la République française n’a-t-il pas une maison militaire ? Notre jeune reine n’a-t-elle pas, elle aussi, sa maison militaire ? À quoi sert cela ? Pourquoi le ministre dont le ressort comporte les forces de terre porte-t-il le titre de « ministre de la guerre » ? C’est comme si ses fonctions étaient celles de faire la guerre ! On ferait peut-être mieux en décernant aux ministres de la guerre et de la marine les titres de « ministres de querelles sèches et mouillées ». Tout concourt à éveiller chez les princes une prédilection pour les affaires militaires et à se regarder comme des spécialités sous ce rapport. Ainsi toute la vie est imprégnée d’un esprit militariste et quoique tous les hommes, pris séparément, haïssent la guerre d’une haine absolue, nous voyons néanmoins que tous ensemble font de leur mieux pour favoriser la guerre. Proudhon pourrait encore rêver que la paix serait l’œuvre du dix-neuvième siècle ; quant à nous, nous sommes moins optimistes et n’osons point encore affirmer qu’elle sera l’œuvre du vingtième.

Tout ce qu’on a fait dans les derniers temps, c’est d’avoir ajouté au militarisme l’hypocrisie. On feint l’amour de la paix par des paroles, mais de fait on se prépare à la guerre. La comédie la plus dégoûtante qu’ont jouée les détenteurs de la force comme finale pour ce siècle, c’est la comédie de paix faite à la Haye en 1899. Il n’existe pas de plus grande hypocrisie que ce message de la paix, adressé aux puissances par l’empereur de toutes les Russies, dans lequel il est dit que le maintien de la paix générale est l’idéal vers lequel doivent tendre tous les efforts de tous les gouvernements. Et voyons à présent ses actes !

20 sept. 1898. Ordre d’augmenter et de fortifier la flotte de canonnières dans la mer Caspienne.

15 nov. 1898. Décision de faire construire deux nouveaux cuirassés jaugeant 12.674 tonnes.

1er déc. 1898. Bannissement de 5.000 Doukhobors du Caucase russe, qui sont forcés d’émigrer au Canada parce qu’en hommes pacifiques ils ne voulaient pas porter les armes.