Page:Domela Nieuwenhuis - Le Militarisme.djvu/20

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responsables devant l’histoire et devant l’humanité, nous n’avançons guère. De telles résolutions sont excellentes pour les conférences et les congrès de la paix. Les gouvernements vous rient au nez et vont tout doucement leur train accoutumé.

Si en 1891, au Congrès international de Bruxelles, les socialistes avaient eu le courage d’accepter la résolution que les socialistes répondraient à une déclaration de guerre par la grève générale, je crois — je suis assez naïf pour ça — qu’en dix ans une énergique propagande de cette idée nous aurait menés bien plus loin que nous ne sommes à présent.

Où est le temps où Jules Guesde écrivait :

« Nous sommes résolus, et les partis socialistes doivent l’être aussi, à jeter la Révolution dans les jambes des armées en marche.

« Il faut crier aux canons que l’on roule et que l’on charge : On ne passe pas ! On ne part pas ! »

Le socialisme a une vocation révolutionnaire et libératrice, mais alors il faut qu’il ose, et que lorsqu’on voit les puissances alliées commettre le crime de jeter sur le monde les maux de la guerre, il dise ce qu’il y a un siècle Danton disait, à la tribune, des princes alliés, en faisant une allusion au sort de Louis XVI : Jetons-leur en défi une tête de roi ! S’il osait déclarer cela par rapport à la libération politique, nous devons par rapport à la libération sociale, infiniment plus importante, donner à ce mot le développement nécessaire, afin qu’on sache quel sera le sort de ceux qui, pour servir leurs intentions rapaces, conduisent les peuples à la boucherie.

Ce que nous devons faire contre le crime des gouvernants, des capitalistes ? Le moyen est tout trouvé. « Si les soldats commencent à penser, aucun d’eux ne restera dans les rangs. » Donc penser, voilà ce qui changera la situation du peuple. Or, le socialisme porte à penser et rien de ce qui peut être fait dans ce sens ne doit être négligé.

Énumérons d’abord quelques moyens tendant à resserrer plus fortement les liens qui unissent les peuples. Émile de Laveleye en donne quelques-uns dans son