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pliquent les épargnes d’un pays à mettre en valeur les richesses naturelles des autres pays de façon que, le capital devenant cosmopolite, les intérêts de tous les capitalistes deviennent solidaires.

IX. Le clergé devrait, à l’exemple des quakers, faire pénétrer dans les âmes cette horreur de la guerre qui est l’esprit même du christianisme et qui distinguerait enfin les chrétiens des sauvages.

Laveleye a encore quelque confiance dans les prêtres, quoiqu’il ait reconnu que dans l’histoire on aperçoit partout des guerres causées par les prêtres ou en tous cas soutenues par eux, et qu’il n’ait jamais vu que les prêtres ont empêché jusqu’ici une seule guerre. C’est pourquoi le dernier point est très faible. Ce sont les prêtres qui bénissent les armes, les drapeaux. Ce sont les prêtres qui célèbrent un Te Deum pour remercier Dieu pour le triomphe de l’armée et pour la défaite de l’autre.

Cette hypocrisie de la religion est une des plus grandes bassesses par lesquelles on déshonore la mémoire de Jésus-Christ.

Sans un mot de protestation, l’empereur Guillaume II a pu dire à ses soldats, à l’occasion du serment de fidélité : « Vous m’appartenez corps et âme. Il n’existe aujourd’hui pour vous qu’un seul ennemi, c’est celui qui est mon ennemi. Avec les menées socialistes actuelles, il pourrait arriver que je vous ordonne de tirer sur vos propres parents, sur vos frères, même sur vos pères, sur vos mères (que Dieu nous en préserve) ; mais alors vous devriez obéir à mes ordres sans hésiter. »

Ce chrétien (!) dit donc ouvertement, et sans protestation de l’Église chrétienne, que ceux qui servent dans l’armée sont à son service et doivent être prêts, pour son profit, à tuer leurs frères, leurs pères et leurs mères !

Tolstoï est si indigné de ces mots sacrilèges, qu’il dit : « Cet homme malade, misérable, ivre de pouvoir, offense par ces paroles tout ce qui peut être sacré pour l’homme moderne, et les chrétiens, les libres penseurs, les hommes instruits, tous, loin de s’in-